Quand l’Algérie se rêvait à être une démocratie/Bouteflika à vie ???????
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Quand l’Algérie se rêvait à être une démocratie/Bouteflika à vie ???????
Quand l’Algérie se rêvait à être une démocratie
Par Guillaume Borrione pour Guysen International News
Mercredi 19 novembre 2008 à 20:51
Emballé c’est pesé, sans débat préalable et à main levée, le Parlement algérien a effacé en moins de deux heures le peu de consistance qui demeurait à la démocratie de façade de son pays. Avec 500 voix pour, 21 contre et 8 abstentions, le mercredi 12 novembre restera ce jour « mémorable » (selon les mots du président Abdelaziz Bouteflika) où le nombre de mandats du président algérien est redevenu illimité. Abdelaziz Bouteflika pourra donc briguer un troisième mandat, et suivre l’exemple de ses homologues maghrébins (5 mandats pour Ben Ali en Tunisie) dans l’immobilisme autocratique, en laissant en prime derrière lui un bilan des plus catastrophiques.
Avec un unanimisme qui n’est pas sans rappeler l’ex-URSS, 389 députés et 144 sénateurs ont approuvé le projet de révision constitutionnelle annoncé le 29 octobre par le président Bouteflika. Ce projet a permis, entre autres, d’abroger la limitation du nombre de mandats du président de l’Algérie, alors fixée à deux en 1996 par le général Liamine Zéroual dans l'article 74 de la Constitution.
L’Algérie n’a jamais vraiment été une démocratie, ce n’est pas un scoop, mais aucun président n’avait osé jusqu’ici l’afficher ouvertement. La démocratie ne saurait « constituer un modèle universel unique pour toutes les nations, un modèle à observer et à appliquer systématiquement en tout lieu et en tout temps » selon M. Bouteflika qui a réaffirmé sa foi « immuable (sic) » en la démocratie.
Un président qui a donc la possibilité de devenir président à vie, mais pas seulement. La révision constitutionnelle contenait d’autres amendements allant toujours plus dans le sens de la présidentialisation du régime. Ainsi, le président algérien n’est même plus responsable devant l’Assemblée, le Premier Ministre le devient pour lui.
Elu en 1999 puis réélu en 2004, Abdelaziz Bouteflika s’apprête à briguer un troisième mandat alors qu’il a passé presque tout son dernier fatigué et malade. Il a de nombreuses fois été hospitalisé, officiellement pour « un ulcère à l’estomac » ou pour « une visite de suivi médical », ce qui l’a laissé en dehors des affaires pendant des mois. Les doutes sur ses capacités à gérer le pays encore 5 ans (au moins) se font d’autant plus forts au regard de son bilan pour la décennie.
Tout y passe : l’Algérie ne pèse plus rien sur la scène internationale ; elle est l’un des pays les plus corrompus (cf. Transparency International) où les scandales financiers et les détournements de fonds massifs ponctuent le calendrier chaque année alors que les caisses de l’Etat sont pleines ;
les chiffres du chômage et de la pauvreté battent tous les records alors que 70% de la population a moins de 30 ans ;
d’innombrables émeutes éclatent régulièrement un peu partout dans le pays et sont réprimées dans le sang ;
le terrorisme est en recrudescence à des niveaux proches de ceux des années 1990 à la différence que les attentats-suicides des islamistes sont aujourd’hui devenus la norme.
Autre point noir de la décennie Bouteflika, la liberté d’expression et d’opinion. Les journalistes qui osent aller à l’encontre de la « volonté du prince » sont jetés en prison, les syndicats libres ne sont pas reconnus et leurs dirigeants sont soumis à diverses pressions, les écrivains dissidents sont limogés, à l’instar d’Amin Zaoui, l’ancien directeur de la Bibliothèque nationale algérienne le 26 octobre dernier.
Sur le plan politique, tous les acquis démocratiques gagnés en octobre 1988 sont partis en fumée. L’état d’urgence est toujours en vigueur et a même été renforcé afin de justifier l’interdiction de manifestations et de réunions publiques.
Les partis ne jouent plus leur rôle et sont frappés d’atonie, comme l’opposition, d’autant plus marginalisée. Pour le journal El-Watan, cette dernière révision constitutionnelle a définitivement écarté la possibilité d’une « vie politique algérienne bâtie sur de vrais contre-pouvoirs ». « Ces députés, quel courage ! » raille même le quotidien El-Khabar.
Et le problème est bien là. Soucieux de conserver les maigres avantages octroyés par le « prince », les partis politiques, autorisés bien sûr, ont démontré leur dépendance au pouvoir en ayant milité pendant deux ans pour un nouveau quinquennat de M. Bouteflika.
Cette « revendication nationale » permettrait selon le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, de « renforcer la stabilité de l’Algérie ». Pour rappel, M. Ouyahia applaudissait en 1996 la décision de limiter à deux quinquennats le nombre de mandat du président en expliquant que son pays n’avait « rien à envier aux grandes démocraties ».
C’est en fait son propre maintien au pouvoir et celui d’Abdelaziz Bouteflika qu’Ahmed Ouyahia applaudit.
Reste à souligner que M. Bouteflika n’est pas un dictateur d’opérette, c’est un fin stratège qui a réussi, outre les partis, à mettre à sa botte l’institution militaire, qui a joué son rôle, pourtant inhabituel en Algérie, de « grande muette » concernant cette révision constitutionnelle.
Ainsi, Mohamed Lamarari, l’ex-chef d’état-major des armées, pourtant catégoriquement opposé à un deuxième mandat de Bouteflika en 2004, est venu présenter ses vœux au président le 1er novembre.
Quant à Larbi Belkheir, figure imposante de la hiérarchie militaire algérienne, son influence semble ne plus être ce qu’elle était. Etant souffrant, son aval n’a pas été nécessaire pour ce troisième mandat.
Quoiqu’il en soit, Bouteflika qui est pourtant un civil, a maintenu le statuquo avec l’armée, et ce, dans l’intérêt des deux parties.
L’hybridation du régime est donc en marche, entre régime présidentiel et parlementaire, entre régime autocratique civil et militaire.
La question est de savoir combien de temps Bouteflika tiendra sur le fil.
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NOUVEAU Votre réaction sera publiée dans les plus brefs délais au bas de l'article concerné. La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les textes qui ne seraient pas en conformité avec notre éthique. Nous vous remercions de votre compréhension.
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Nous aurons ainsi , en Permanence au Maghreb ,
Cochon qui s'en dédit ,
un Grand Ami de la France qui , en se faisant passer
pour un Grand Malade , trouve le moyen de conserver ,
sa place , ses ennemis , persuadés qu'il n'en a plus pour longtemps,
ne se donnent pas la peine de l'éliminer selon la coutume ,
puisqu'ils en sont persuadés ,Dieu y pourvoira !
Par Guillaume Borrione pour Guysen International News
Mercredi 19 novembre 2008 à 20:51
Emballé c’est pesé, sans débat préalable et à main levée, le Parlement algérien a effacé en moins de deux heures le peu de consistance qui demeurait à la démocratie de façade de son pays. Avec 500 voix pour, 21 contre et 8 abstentions, le mercredi 12 novembre restera ce jour « mémorable » (selon les mots du président Abdelaziz Bouteflika) où le nombre de mandats du président algérien est redevenu illimité. Abdelaziz Bouteflika pourra donc briguer un troisième mandat, et suivre l’exemple de ses homologues maghrébins (5 mandats pour Ben Ali en Tunisie) dans l’immobilisme autocratique, en laissant en prime derrière lui un bilan des plus catastrophiques.
Avec un unanimisme qui n’est pas sans rappeler l’ex-URSS, 389 députés et 144 sénateurs ont approuvé le projet de révision constitutionnelle annoncé le 29 octobre par le président Bouteflika. Ce projet a permis, entre autres, d’abroger la limitation du nombre de mandats du président de l’Algérie, alors fixée à deux en 1996 par le général Liamine Zéroual dans l'article 74 de la Constitution.
L’Algérie n’a jamais vraiment été une démocratie, ce n’est pas un scoop, mais aucun président n’avait osé jusqu’ici l’afficher ouvertement. La démocratie ne saurait « constituer un modèle universel unique pour toutes les nations, un modèle à observer et à appliquer systématiquement en tout lieu et en tout temps » selon M. Bouteflika qui a réaffirmé sa foi « immuable (sic) » en la démocratie.
Un président qui a donc la possibilité de devenir président à vie, mais pas seulement. La révision constitutionnelle contenait d’autres amendements allant toujours plus dans le sens de la présidentialisation du régime. Ainsi, le président algérien n’est même plus responsable devant l’Assemblée, le Premier Ministre le devient pour lui.
Elu en 1999 puis réélu en 2004, Abdelaziz Bouteflika s’apprête à briguer un troisième mandat alors qu’il a passé presque tout son dernier fatigué et malade. Il a de nombreuses fois été hospitalisé, officiellement pour « un ulcère à l’estomac » ou pour « une visite de suivi médical », ce qui l’a laissé en dehors des affaires pendant des mois. Les doutes sur ses capacités à gérer le pays encore 5 ans (au moins) se font d’autant plus forts au regard de son bilan pour la décennie.
Tout y passe : l’Algérie ne pèse plus rien sur la scène internationale ; elle est l’un des pays les plus corrompus (cf. Transparency International) où les scandales financiers et les détournements de fonds massifs ponctuent le calendrier chaque année alors que les caisses de l’Etat sont pleines ;
les chiffres du chômage et de la pauvreté battent tous les records alors que 70% de la population a moins de 30 ans ;
d’innombrables émeutes éclatent régulièrement un peu partout dans le pays et sont réprimées dans le sang ;
le terrorisme est en recrudescence à des niveaux proches de ceux des années 1990 à la différence que les attentats-suicides des islamistes sont aujourd’hui devenus la norme.
Autre point noir de la décennie Bouteflika, la liberté d’expression et d’opinion. Les journalistes qui osent aller à l’encontre de la « volonté du prince » sont jetés en prison, les syndicats libres ne sont pas reconnus et leurs dirigeants sont soumis à diverses pressions, les écrivains dissidents sont limogés, à l’instar d’Amin Zaoui, l’ancien directeur de la Bibliothèque nationale algérienne le 26 octobre dernier.
Sur le plan politique, tous les acquis démocratiques gagnés en octobre 1988 sont partis en fumée. L’état d’urgence est toujours en vigueur et a même été renforcé afin de justifier l’interdiction de manifestations et de réunions publiques.
Les partis ne jouent plus leur rôle et sont frappés d’atonie, comme l’opposition, d’autant plus marginalisée. Pour le journal El-Watan, cette dernière révision constitutionnelle a définitivement écarté la possibilité d’une « vie politique algérienne bâtie sur de vrais contre-pouvoirs ». « Ces députés, quel courage ! » raille même le quotidien El-Khabar.
Et le problème est bien là. Soucieux de conserver les maigres avantages octroyés par le « prince », les partis politiques, autorisés bien sûr, ont démontré leur dépendance au pouvoir en ayant milité pendant deux ans pour un nouveau quinquennat de M. Bouteflika.
Cette « revendication nationale » permettrait selon le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, de « renforcer la stabilité de l’Algérie ». Pour rappel, M. Ouyahia applaudissait en 1996 la décision de limiter à deux quinquennats le nombre de mandat du président en expliquant que son pays n’avait « rien à envier aux grandes démocraties ».
C’est en fait son propre maintien au pouvoir et celui d’Abdelaziz Bouteflika qu’Ahmed Ouyahia applaudit.
Reste à souligner que M. Bouteflika n’est pas un dictateur d’opérette, c’est un fin stratège qui a réussi, outre les partis, à mettre à sa botte l’institution militaire, qui a joué son rôle, pourtant inhabituel en Algérie, de « grande muette » concernant cette révision constitutionnelle.
Ainsi, Mohamed Lamarari, l’ex-chef d’état-major des armées, pourtant catégoriquement opposé à un deuxième mandat de Bouteflika en 2004, est venu présenter ses vœux au président le 1er novembre.
Quant à Larbi Belkheir, figure imposante de la hiérarchie militaire algérienne, son influence semble ne plus être ce qu’elle était. Etant souffrant, son aval n’a pas été nécessaire pour ce troisième mandat.
Quoiqu’il en soit, Bouteflika qui est pourtant un civil, a maintenu le statuquo avec l’armée, et ce, dans l’intérêt des deux parties.
L’hybridation du régime est donc en marche, entre régime présidentiel et parlementaire, entre régime autocratique civil et militaire.
La question est de savoir combien de temps Bouteflika tiendra sur le fil.
Vos réactions à l'article | Ecrire à l'auteur Imprimer Envoyer
NOUVEAU Votre réaction sera publiée dans les plus brefs délais au bas de l'article concerné. La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les textes qui ne seraient pas en conformité avec notre éthique. Nous vous remercions de votre compréhension.
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Nous aurons ainsi , en Permanence au Maghreb ,
Cochon qui s'en dédit ,
un Grand Ami de la France qui , en se faisant passer
pour un Grand Malade , trouve le moyen de conserver ,
sa place , ses ennemis , persuadés qu'il n'en a plus pour longtemps,
ne se donnent pas la peine de l'éliminer selon la coutume ,
puisqu'ils en sont persuadés ,Dieu y pourvoira !
Prior- Messages : 162
Date d'inscription : 06/11/2008
Age : 102
Localisation : Quand on commence à faire des concessions , on ne peut plus s'arrêter ! Elena Tchoudinova
Re: Quand l’Algérie se rêvait à être une démocratie/Bouteflika à vie ???????
Bonjour Cher Prior
Val
Un président qui a donc la possibilité de devenir président à vie, mais pas seulement. La révision constitutionnelle contenait d’autres amendements allant toujours plus dans le sens de la présidentialisation du régime. Ainsi, le président algérien n’est même plus responsable devant l’Assemblée, le Premier Ministre le devient pour lui.
Elu en 1999 puis réélu en 2004, Abdelaziz Bouteflika s’apprête à briguer un troisième mandat alors qu’il a passé presque tout son dernier fatigué et malade. Il a de nombreuses fois été hospitalisé, officiellement pour « un ulcère à l’estomac » ou pour « une visite de suivi médical », ce qui l’a laissé en dehors des affaires pendant des mois. Les doutes sur ses capacités à gérer le pays encore 5 ans (au moins) se font d’autant plus forts au regard de son bilan pour la décennie.
Val
Val- Messages : 98
Date d'inscription : 06/11/2008
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