La grippe porcine menace le pèlerinage de La Mecque.

Le pèlerinage de La Mecque pourrait gravement compliquer la gestion de la grippe porcine si le virus continue à constituer une menace, avertissent des spécialistes. Le plus important rassemblement mondial aura lieu fin novembre.

"Imaginez, vous avez un virus qui commence à se transmettre à travers le monde, vous rassemblez des gens de tous les pays, vous les mettez ensemble pendant deux semaines, et vous renvoyez tout le monde à la maison", a énuméré Albert Osterhaus, un virologue réputé de l'université de Rotterdam.

"S'il y a un mécanisme par lequel vous voulez qu'un virus se répande, c'est celui-là", a-t-il affirmé lors d'un congrès médical organisé à Helsinki, la capitale finlandaise.
Le pèlerinage de la Mecque a réuni l'an dernier plus de 2,5 millions de personnes dans la ville sainte de l'islam

Et ce n'est pas le genre d'événement qui s'annule, a relevé Andreas Voess, professeur au centre médical de l'Université de Nimègue, aux Pays-Bas. "Le hajj aura lieu, ce n'est pas comme un concert de Pink Floyd, où vous pouvez dire: 'On n'a pas besoin d'un concert'", a-t-il estimé.

Les experts interrogés par l'AFP ont mis en garde contre toute forme d'alarmisme, mais ont poussé les organisateurs du pèlerinage à commencer à envisager des plans de secours.
Les autorités sanitaires là-bas, avec l'assistance de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), doivent commencer à réfléchir maintenant à ce qu'il faut faire, comment informer les gens, a souligné M. Voess.

Mais les scientifiques eux-mêmes reconnaissent qu'il ne savent pas ce qui va advenir du virus dans les mois à venir. Cela crée un dilemme pour les autorités qui veulent protéger le pèlerinage de La Mecque.

Pour Pentti Huovinen, professeur de microbiologie clinique à l'Institut finlandais de la santé publique, la difficulté est de trouver un juste milieu entre "l'importance de la religion et la menace de la maladie". "C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre facilement", a-t-il remarqué.
Depuis la première alerte à la grippe A(H1N1) au Mexique le 24 avril, plus de 8800 personnes sont tombées malades dans le monde, principalement en Amérique du Nord, et 74 sont mortes, selon l'OMS. La souche virale est pour l'instant considérée comme relativement peu virulente.

Mais les experts redoutent une mutation génétique qui pourraient en faire un tueur redoutable, semblable à la grippe espagnole de 1918-1919, qui avait fait près de 50 millions de morts.

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